Statut juridique

Classé

ID

Urban : 593

Typologie

Jardin

La villa a été conçue en 1912 à la demande de Léon Drugman pour son fils, Paul, par les architectes anglais Raymond Unwin et Richard Barry Parker, en association avec l’architecte belge Adrien Blomme (Archives de la Commune d’Ixelles/Urb. 233-225, dossier 520). La famille Drugman est une famille ixelloise fortunée qui après avoir résidé en Angleterre à la fin du XIXe siècle, revient s’installer à Ixelles dans les années 1900.

L’aspect actuel du jardin de la villa résulte d’un aménagement réalisé au cours des années 1920, vraisemblablement selon les plans de l’architecte liégeois Mario Knauer.

La conception paysagère de style mixte se compose d’une combinaison à l’anglaise d’un jardin régulier et de jardins paysagers. L’aménagement, présentant une subdivision de plus petits jardins thématiques, paraît fortement inspiré du mouvement Arts & Crafts et des cottage gardens. La propriété est ceinte de murs en briques, parfois recouverts d’enduit.

La perspective principale depuis la façade sud de la villa s’ouvre sur un jardin régulier, constitué principalement d’un bowling green, étendue engazonnée formant une cuvette à fond plat délimitée par un glacis, en léger creux par rapport au plan principal du jardin. Cette composition symétrique, aux angles sud arrondis et reliés par une contre-courbe en demi-lune, est encadrée de parterres agrémentés notamment de rosiers, ainsi que d’allées sur chacun des côtés se rejoignant pour former une placette.

Plusieurs jardins paysagers offrant des atmosphères diversifiées, plantés d’arbres et de buissons arbustifs, sont situés de part et d’autre du jardin régulier. À l’ouest du bowling green se présente une zone évoquant une forêt vosgienne, où se développent hêtres, pins, chêne, noisetier, lilas et laurier-cerise. La zone au sud de l’étendue de gazon est quant à elle agrémentée de bouleaux, d’érables, de noisetiers et de tilleuls.

Directement à l’est du bowling green, un woodland garden - jardin paysager à l’atmosphère de sous-bois alpin -, d’inspiration anglaise, est traversé par un chemin sinueux et ombragé par des hêtres, dont un hêtre pourpre (Fagus sylvatica ‘Atropurpureum’) vraisemblablement centenaire. À leurs pieds s’étend une pelouse agrémentée de pas japonais, où s’épanouissent crocus, perce-neige et pervenches. Par endroits, des plantes de rocailles – campanules, fougères… – attestent de la présence d’anciens murets. De l’autre côté du sentier, le long du mur du jardin, se trouvent un rang de tilleuls en espalier et un robinier.

 

D’un point de vue paysager, le jardin constitue l’un des premiers exemples de jardin pittoresque bruxellois, vraisemblablement conçu avant les jardins thématiques imaginés par l’architecte-paysagiste Jules Buyssens pour la villa van Buuren.

Les influences du mouvement Arts & Crafts, né en Angleterre à la fin du XIXe siècle, sont nettement perceptibles au sein de l’aménagement paysager mis en œuvre. La conception du jardin au cours des années 1920 s’insère au sein de la période de rayonnement de ce courant artistique mêlant artisanats, architecture et art des jardins, dont atteste notamment la fondation en Belgique de l’Association du Nouveau Jardin Pittoresque en 1913.

La propriété arborée assemble et harmonise une combinaison de jardins thématiques distincts, de style régulier et irrégulier. Le site est pensé pour constituer le prolongement de la villa au sein de la nature, à l’instar des cottage gardens. Plusieurs éléments représentatifs des jardins anglais agrémentent l’espace : bowling green, chemins pavés de flagstones, et présence antérieure d’une pergola, aujourd’hui disparue. 

La création d’atmosphères diversifiées est matérialisée au travers de l’usage d’une grande variété de plantes ornementales et indigènes formant des compositions graphiques, de la présence d’une densité végétale prononcée, ainsi que de jeux de contraste, de volumétrie, d’ombre et de lumière.

Les composantes de cette scénographie paysagère très qualitative demeurent en grande partie préservées, malgré la disparition de l’axe central du jardin régulier suite au découpage de la parcelle en plusieurs propriétés.

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